La mer, malgré tout !
RICHARD PELLERIN
Pêcheur à Cancale et armateur de l’Arc-en-Ciel et de l’Itasca
À peine sorti de l’école maritime de Saint-Malo, à 18 ans, Richard Pellerin s’embarque pour la pêche au large. Pendant deux ans, il alterne périodes en mer et à terre, avant de partir, en 1991, pour huit mois à Saint-Pierre-et-Miquelon en pêche hauturière. De retour en France, il passe le brevet de lieutenant puis celui de patron de pêche à Lorient et, en juin 2000, achète son premier bateau en copropriété. À 45 ans, ce marin dans l’âme possède désormais deux bateaux : un pour la pêche côtière, l’Arc-en-Ciel, et un pour la pêche hauturière en copropriété, l’Itasca.
PHILIPPE RENAN
Directeur de la filière maritime de Bretagne Nord et Normandie.
Employé par le Crédit Maritime depuis 1992, Philippe Renan a construit sa carrière en Normandie et en Bretagne. Entré comme conseiller bancaire à Cherbourg, il a gravi les échelons pour devenir directeur d’agence à Grandcamp-Maisy, Deauville et Ouistreham, puis responsable du marché des Professionnels en 2007. Il intègre la filière maritime en 2009. Sportif, il court 10 km trois fois par semaine, pratique le tennis et s’évade dès qu’il le peut pour une promenade en mer sur son bateau.
Qu’est-ce qui vous a plu dans le Crédit Maritime ?
« Après mon accident, le 20 décembre 2013, j’ai perdu un bras et un œil, et j’ai été arrêté un an. Les Affaires maritimes ne voulaient plus que je patronne le Nominoé, mon bateau de pêche au large. Philippe s’est battu pour que je le garde, et j’ai continué à m’en occuper sans pouvoir aller en mer. Il a fallu que je trouve une autre occupation. En 2014, un collègue et ami m’a proposé que nous achetions un bateau en commun. Philippe nous a soutenus : notre dossier a été accepté grâce à sa persévérance. Nous avons chacun un bateau et l’Itasca en commun, un 21 mètres pour la pêche au large. En mars 2017, j’ai revendu le Nominoé et racheté l’Arc-en-Ciel, un 12 mètres pour la pêche côtière. Il y a un patron et deux matelots, dont mon fils, qui sort de l’école maritime. Comme j’ai obtenu le droit de naviguer comme matelot, je les remplace pendant leurs congés. »
En quoi le Crédit Maritime est-il différent des autres banques ?
« Ils ont un passé maritime, depuis toujours. Quand les années étaient difficiles, que le gasoil était cher, les autres banques ne couraient pas après les armateurs, seul le Crédit Maritime soutenait les pêcheurs. Maintenant que la situation est plus facile, toutes les banques sont attirées par le monde de la pêche. »
Qu’est-ce qui rend cette histoire si particulière ?
« Après l’accident, je ne savais pas ce que j’allais devenir. Comme j’ai pu garder le bateau, ça m’a permis de ne pas trop gamberger, de continuer à faire des projets. Au bout de six mois, je repartais à la débarque du bateau. Quand on est pêcheur et qu’on ne s’occupe pas de son bateau, les choses peuvent mal tourner… Philippe ne m’a jamais mis la pression, il m’a toujours dit « On va faire ce qu’on peut » et a soutenu tous mes projets.«
Qu’est-ce qui vous a plu dans le projet de Richard Pellerin ?
« C’est d’abord Richard Pellerin lui-même ! C’est une force de la nature, un monument de courage. Il a su rester debout face à l’adversité, après un accident grave, qui lui a fait perdre un bras et un œil. On l’a soutenu moralement, puis accompagné lorsque, six mois après son accident en 2013, alors qu’il n’avait plus le droit de patronner son bateau ni même d’aller en mer, il s’est associé avec un ami pour fonder une société (Bretagne Armement Itasca) et acheter un bateau hauturier, l’Itasca. C’était un beau projet, avec un bon plan de financement, mené par deux grands professionnels. Dans la banque maritime, la première chose qu’on regarde, c’est la qualité de l’homme. Et en juillet 2017, il a souhaité revendre son premier bateau, le Nominoé, pour acheter un 12 mètres pour la pêche côtière, l’Arc-en-Ciel. C’était encore un beau projet ! »
En quoi cela fait-il avancer le territoire ?
« L’Arc-en-ciel est à Granville, dans la baie du Mont-Saint-Michel. Il pêche des coquillages et participe à la vie économique du port. Aujourd’hui, la pêche est un secteur en développement, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Depuis deux ans, des projets de renouvellement de flottille apparaissent. »
Qu’est-ce qui rend cette histoire si particulière ?
« C’est une relation professionnelle très forte. Lorsque Richard était arrêté, je suis allé le voir plusieurs fois. On a suivi ses dossiers de remboursement pour que ça aille le plus vite possible. Il était dans une situation très complexe et la solidarité maritime a été extraordinaire. Il s’est relevé et a rebondi d’une façon incroyable, passant de « Qu’est-ce que je vais faire ? » à l’achat d’un bateau, six mois plus tard, puis d’un deuxième… »
La mer, on la prend comme elle est. On fait avec…
Richard Pellerin